L’association en « Parti » et la trajectoire communiste

Brouillon par Crabix

Table des matières

1 Que signifie "s'organiser en parti" du point de vue de la gauche

2 Le parti construit-il son peuple ? Focus sur les Partis « révolutionnaires »

3 Quelle place donner à un parti "ouvert", organisé par les libertaires ?


Que signifie "s'organiser en parti" du point de vue de la gauche

Qui est représenté ? Les masses sont-elles un bon point de repère ?


« Le Parti assure le rôle dirigeant de la révolution. Il se bat pour l’unité de tous et toutes les révolutionnaires car sans Parti, la classe ouvrière est désorganisée et ne pourra vaincre le capitalisme. Les éléments les plus conscients et déterminés du prolétariat doivent construire ce parti de type nouveau. Le Parti Communiste d’aujourd’hui a pour idéologie le marxisme-léninisme-maoïsme, le dernier degré atteint en théorie et en pratique par le marxisme. Il se base sur toutes les expériences historiques du prolétariat international et plus particulièrement la Commune de Paris, la révolution russe dirigée par le Parti Communiste jusqu’en 1953 et la révolution chinoise dirigée par le Parti Communiste jusqu’en 1976. »

Le Parti – Parti Communiste Maoïste (français)


Dans la langue commune : « Un parti politique est un groupe de personnes possédant des idées politiques communes réunis en association. Il peut chercher à influencer le gouvernement en place, en le soutenant si celui-ci en est issu, ou en s'y opposant. Il nomme également ses propres candidats aux différentes élections et en tentant d'obtenir des mandats politiques. Un parti politique peut aussi influencer l'opinion publique. Il peut être présent au Parlement. »1

Au d’autres termes. L’organisation en « Parti » est une organisation basée sur une centralisation de pouvoir, de ressources et de biens. Le pouvoir appartient aux tendances majoritaires au sein du Parti. Les ressources sont amassées et utilisées par ces tendances et pour la subsistance du Parti. Et les biens – locaux, matériaux et journaux – servent au Parti. Les militant.es qui prônent le « Parti » comme fer de lance, donnent à leur comité local une étiquette et une forme qui se réfère à ce qui est décidé en congrès ou en assemblée. Ce parti suit une structure très souvent fédéraliste. Où, selon les idéologies portées par ledit Parti, les localités/comités se chargent plus ou moins des activités qui leur sont locales.

Selon Jean2 et Monica Charlot3, ces partis doivent avoir une base électorale. Les campagnes électorales durent plus longtemps favorisant l’émergence de régulation et de structures afin de gérer tout l’électorat et les élus. Les comités de campagne deviennent permanents formant des sections locales avec des idées, un programme et des éléments de langage.

Tout cela demande de l’argent et des compétences. Cette professionnalisation des partis entraine la création de différents services dans le but de les maintenir et les agrandir. Iels énoncent même que « Le degré d’institutionnalisation des partis dépend du degré de développement politique du système socio-politique dont ils font partis ».

Cette structure peut être démocratique. C’est-à-dire que les militant.es élisent des représentant.es pour orienter les décisions du Parti vers une certaine tendance (changement de structure, points de vue national sur des évènements etc.) et vers certaines activités (mise en place d’une propagande, camp d’été, recrutement etc.).

Cette association en « Parti » est très présente dans les milieux militants aujourd’hui, car elle est, depuis la naissance du « communisme », la structure donnée pour réaliser un « changement de société » révolutionnaire ou non. Parmi les partis de la gauche dite « radicale » en France, on peut citer :

  • Nouveau Parti Anticapitaliste, lancé en 2009
  • Lutte ouvrière, depuis 1968
  • Ligue Trotskyste de France, depuis 1998
  • Parti Communiste des Ouvriers de France, fondé en 1979
  • Révolution Permanente, depuis 2021
  • Parti communiste Maoïste, depuis 2015

Les caractéristiques de ces Partis suivent une logique se rapprochant de celle des Partis de Masses4. La compétition électorale est basée sur la mobilisation de ses membres. Un travail intensif de terrain est entretenu. Des cotisations et des contributions sont mises en place. Des délégués et élites sont responsables devant les membres du Parti.

De plus, la plupart de ces Partis tentent de parler aux « masses » et mettent en place des organisations plus « ouvertes ». Des « organisations de masse » qui recrutent tout le monde dans le but de mener des actions encore plus massives. Ces organisations servent à justifier leur idéologie. Elles donnent une légitimité et une image au Parti qui l’organise.

Daniel Gaxie5, dans son ouvrage « Le cens caché » énonce la possible formation de barrières invisibles empêchant les militants lambda d’arriver dans un cercle élevé. Ces partis fournissent à l’oligarchie des ressources monétaires, sociales et symboliques.

On peut retranscrire cette vision en prenant l’exemple de la scission entre le Front National et le Mouvement National Républicain. En effet, le pouvoir semblait monopolisé et la famille, qu’on dit éternelle, s’est scindée en deux, car ce monopole causa une frustration.

Enfin, il est primordial de noter que le NPA à ses débuts mélangeait marxistes et anarchistes jusqu’aux départs de ces derniers. L’accès aux organes fonctionnelles du Parti étant régis par des socialistes de la LCR, une grande partie des activités organisées par les anarchistes étaient dénigrées et sabotées.

« Presque 10000 membres à sa fondation, aujourd’hui entre 2000 et 2500 membres : ces chiffres, pourtant significatifs, disent pourtant encore mal l’effondrement rapide de la promesse NPA. Le NPA n’a pas su trouver les voies d’un nouveau type d’organisation, inventant des pratiques militantes renouvelées davantage ajustées à la perspective d’auto-émancipation des opprimés. […] Le NPA n’a pas su résister à la culture avant-gardiste de son axe initiateur, la LCR, dont le jeune Trotsky avait saisi lucidement les effets «substitutistes» (substitution du parti aux masses, des dirigeants aux militants, etc.) contre Lénine.6»7



Le parti construit-il son peuple ? Focus sur les Partis « révolutionnaires »


« Seule une révolution pourra guérir notre société des maux qui la rongent […] c'est-à-dire d'arracher des mains des capitalistes la gestion des usines, des banques, des mines, des terres, de l'énergie et des transports. Et de faire en sorte qu'ils appartiennent à la collectivité et soient gérés par elle. […] La société capitaliste peut être renversée pour laisser place à une organisation nouvelle et supérieure de la société : le communisme. Cette transformation profonde ne pourra se faire qu’au travers d’une révolution de l’ampleur de la révolution russe. […] Pour arracher durablement les moyens de production aux capitalistes, les réorganiser et les développer pour satisfaire les besoins de l’humanité, la classe ouvrière aura besoin du pouvoir politique. […] Pour surmonter ces obstacles [provenant de l’Etat et de la bourgeoisie] et vaincre, les exploités auront besoin d’un parti qui se fixe cet objectif, et dont l’ensemble de la politique tende vers la préparation de ces périodes d’affrontement contre la bourgeoisie. […] Le parti révolutionnaire devra avoir de profondes ramifications dans la classe ouvrière et dans l’ensemble des couches exploitées de la société pour pouvoir en exprimer les intérêts communs, les aider à s’organiser pour détruire l’État de la bourgeoisie et prendre le pouvoir. »

Qui sommes-nous ? – Lutte Ouvrière


Bien que différent sur le drapeau. Chacun de ces partis semble militer pour les mêmes raisons. Ils prônent et défendent des idées socialistes et communistes. En grande majorité ils sont Trotskistes, ou bien Marxistes-léninistes, « Révolutionnaires ». Souhaitant tous l’organisation des « travailleurs », et parfois des travailleuses, à travers un Parti révolutionnaire qui serait l’association des militant.es informé.es. Conscient.es de la nécessité de l’établissement du socialisme et d’une « phase transitoire », ou Dictature du « prolétariat ». Elle, toujours différente de ce qu’il a pu exister selon les militant.es, se base sur les mêmes textes et théories marxistes.

Ces Partis seraient aussi les instances dirigeantes lors de la future « révolution ». Le parti souhaite diriger le peuple favorable à la révolution. Son objectif est de gagner les faveurs du peuple sympathisant lors des assemblées, pour ensuite y siéger et le chapoter. Tandis que la destinée de ses opposant.es n’est pas vraiment précisée.

Evidemment, ces partis veulent la « révolution » telle qu’elle fut réalisée en 1917. Alors, il serait intéressant de noter que la prise de pouvoir du Parti Bolchevique, par son comité militaire révolutionnaire, le 24 octobre 1917, est une prise de pouvoir militaire. C’est un putsch organisé par un Parti militarisé contre un gouvernement provisoire peu populaire. C’est un putsch orchestré par un Parti pour en devancer d’autres avec qui ils ne sont pas entendus lors de congrès et d’assemblées démocratiques. Où iels y ont perdu l’influence.

En effet, les partisans.es de l’organisation en Parti partagent la dispute du pouvoir avec leur opposant.es politiques « révolutionnaires ». C’est lors des congrès, des assemblées et des « soviets » que les partis s’opposent et essaient mutuellement de se dominer : leur idéologie val plus que les autres. Alors, lorsque les militant.es d’un Parti en ont l’occasion, ils s’imposent. Même s’iels n’y sont pas majoritaires. Parce que pour eux.lles, iels sont les éléments « éclairé.es » et « conscientisé.es » de la « classe ouvrière » : les autres sont des contre-révolutionnaires, ignorant.es et stupides.

Alors, oui, ce Parti façonne un idéal pour le peuple. Mais un idéal qui lui est propre. Il construit son peuple.


Après le Dual Power, après la révolte, le Parti détruit et soumet le peuple


L’idée du Dual Power8, alimentée par de nombreux.ses militant.es de « gauche », consciemment ou non, prend vie avant et pendant la révolte. Alors qu’elle met en scène de nombreuses alternatives économiques et politiques. Elle est oubliée par le Parti « dominant » aussitôt qu’il prend le pouvoir.

Après la « révolution », le Parti prend place et impose sa domination politique et économique.

Le Parti rime avec acharnement pour le pouvoir et le gain.

Abstract sur la révolution Russe

La révolution russe, saint graal de ces Partis, en est l’exemple même : éliminations des opposant.es au Parti bolchevique, police politique dans toutes les régions, nouvelle caste bourgeoise et économie capitaliste, extermination de tout mouvement de grève et de soulèvement non-bolchevique et mise en place d’un parti unique. On compte des milliers de notes, de livres et d’articles où ces Partisans de la révolution bolchevique se justifient à chacune de leurs actions ignobles et horribles. Il suffit alors de lire ces justifications :

  • Dissolution de l’assemblée constituante en 1918 dans la violence et par le Parti Bolchevique. Le 28 novembre, Lénine interdit le parti des KD, accusé d'être contre-révolutionnaire et fait arrêter ses dirigeants. Le 12 décembre, il publie dans la Pravda ses Thèses sur l'Assemblée constituante où il expose que l'Assemblée constituante russe est constituée de partis bourgeois ; accepter sa domination serait un recul pour la révolution sociale.
  • Création, en décembre 1917, d'une police politique et de tribunaux d'exception, chargés d'arrêter, juger et condamner par des « méthodes expéditives » les « ennemis du régime » qualifiés de « poux » et d'« agents capitalistes ». Elle est aussi chargée de la traque des dissident.es, de leur expulsion du Parti et de leur condamnation pour « activités contre-révolutionnaires ». Sont ciblés les socialistes révolutionnaires, les anarchistes, les mencheviks, les socialistes-révolutionnaires de gauche, les sionistes, les bundistes, les pacifistes, les démocrates, les libéraux du Parti constitutionnel démocratique, et, bien sûr, les « Blancs » (partisans de la monarchie)
  • Le 18 mars 1921, l'Armée rouge réprime dans le sang la révolte de Kronstadt, dont les marins avaient exigé le retour au « pouvoir des soviets » et la fin du monopole bolchevique. Trotski justifie cette répression : « Les soviets dominés par les socialistes-révolutionnaires et les anarchistes ne pouvaient servir que de marchepieds pour passer de la dictature du prolétariat à la restauration capitaliste. Ils n'auraient pu jouer aucun autre rôle, quelles qu'aient été les « idées » de leurs membres. Le soulèvement de Cronstadt avait ainsi un caractère contre-révolutionnaire »9.


La peur de ne pas avoir le contrôle sur le peuple a mené le Parti bolchévique à commettre d’innombrables trahisons envers les autres partisan.nes de la « révolution ».

Il n’est pas utile, ici, de s’attarder sur cette question lorsque des articles plus poussés nous donnent encore plus d’informations sur tout cela. Ces Partis ont mené des massacres, quelques soient l’idéologie qu’ils soutenaient.

Quelle place donner à un parti "ouvert", organisé par les libertaires ?

Partis libertariens, plateformes d'extrême-gauche type NPA des années 2000, PSU des années 1970…


« Le NPA est un parti qui se bat pour les principes définis dans le document programmatique adopté au congrès de fondation. […] Ce qui rend nécessaire une centralisation des activités du parti, c’est que le capitalisme dispose d’un cadre centralisé d’où s’organise sa domination : l’État, les puissances économiques et financières. L’enjeu est bien un changement de pouvoir et une rupture révolutionnaire avec l’ordre établi. […] Notre objectif est de permettre à chaque militant de trouver sa place et de pouvoir exercer pleinement sa souveraineté au sein du parti. Les débats à l’intérieur du parti doivent être simples, accessibles mais pas simplistes : un parti des travailleurs, de tous les travailleurs, des travailleuses, manuels ou intellectuels. »

Statuts du NPA modifiés par le 4e congrès – Nouveaupartianticapitaliste


Et si l’on pensait le Parti différemment ?

En effet, il serait possible de créer un Parti « anarchiste » (appelé comme cela ?), d’y faire vivre la démocratie et de tout faire pour qu’il soit « ouvert ». De faire en sorte que la structure soit un outil pour la lutte et non une instance de pouvoir hiérarchique. De faire comme les autres organisations anarchistes !

Alors, me direz-vous, les partisan.nes de ce parti « libre » arriveraient à se défaire de la corruption et de la violence irraisonnée. Enfin, il participera aux élections locales ou nationales pour faire entendre la voix de ses membres *et celle du peuple*.

Cela parait être fortuit … Et complètement antagonique.

Cette tentative « partisane » a déjà eu lieu :


« À la suite du congrès de Paris de 1953, la Fédération anarchiste se transforme en Fédération communiste libertaire (FCL) par un vote majoritaire de 71 mandats contre 61. (Les autres noms proposés étant « Parti communiste anarchiste » et « Parti communiste libertaire » !) La crise a cependant fortement affaibli l'organisation, car la Fédération ne regroupe qu'environ 130 à 160 militants. »10

« En décembre 1955, la FCL décide de présenter des "candidats révolutionnaires" aux Élections législatives françaises de 1956. Ils feront un score dérisoire et Georges Fontenis considèrera par la suite cette tentative électoraliste comme « une erreur quelque peu ridicule »11, qui a entraîné la scission de plusieurs groupes actifs. Ces groupes formeront ensuite les Groupes anarchistes d'action révolutionnaire (GAAR)12. Pour Christian Lagant, l'éditeur de la revue Noir et rouge, la FCL était devenu un « parti plus trotskiste que libertaire qui devait se suicider politiquement après le summum de la participation aux élections législatives de 1956 »13


L’ « Union Communiste Libertaire »

Structure communiste libertaire française, elle se plait à joindre marxisme et anarchisme. Elle se targue d’une volonté de « synthèse » dans le sens du marxisme et non de l’anarchisme. Elle anime aussi toujours la volonté de peser politiquement, à l’image d’un Parti :

« Mais en même temps nous nous définissons comme un courant nouveau, produit d’une volonté de synthèses et de dépassements multiples. […] Nous voulons devenir demain une force politique majeure, qui donne au courant libertaire « lutte de classe » une assise auprès des larges masses, et ce dans un mouvement révolutionnaire, s’inscrivant dans un mouvement ouvrier refondé et renouvelé. » – Manifeste de l’UCL – Une démarche ouverte & Un courant nouveau – UCL

L’UCL refuse toute participation et collaboration avec des anarchistes des courants mutuellistes, individualiste ou « autonomes ». Souhaitant garder « pure » leur tendance marxiste au sein de leur organisation.

Très récemment, des groupes comme l’ « Envol » à Bordeaux ou bien « Acide » à Toulouse ont quitté l’UCL. Iels dénoncent l’approche de « Parti » de l’organisation :


« Au lieu de chercher à résoudre ces problèmes, l’UCL s’enfonce dans une fuite en avant où une minorité de personnes continue de tenir une barque qui prend l’eau de toutes parts. Nous reprochons également une sorte d’injonction tacite à des publications frénétiques en réaction à des faits divers, comme si nous devions suivre le rythme des médias et des politiques dominants contre lequel nous nous battons. L’UCL est aussi marquée par une autonomisation des instances fédérales et une logique de centralisation qui vont à l’encontre des règles collectivement définies dans nos statuts. Ceci résulte en une prise de pouvoir discrète : des refus de publication de textes aux modifications de compte-rendu de commissions, en passant par des après-réunions influençant les décisions. Certains espaces d’élaboration politique sont ainsi devenus des entre-soi affinitaires, on peut y retrouver des logiques d’alliances de circonstances qui visent à écarter les éléments les plus critiques et les plus anarchistes. […] Nous notons, d’ailleurs, que toute critique à leur égard est rapidement balayée d’un revers de la main au nom de la « confiance » et de la « camaraderie ». En outre, le Secrétrariat Fédéral semble aujourd’hui avoir la main mise sur une grande partie de la gestion de l’organisation. »

– Extrait de la Lettre de départ collectif du groupe de Bordeaux [actuellement « L’Envol »] de la fédération UCL – 10 juillet 2023


Et encore cet extrait ne reflète pas l’ampleur de l’échec de l’UCL vis-à-vis de leur organisation « démocratique » et « libertaire ». De nombreuses plaintes liées au sexisme et au validisme des membres de l’organisation ont aussi été transcrites.

Une structure « libre » et anarchiste, se rapprochant de peu ou de loin à un « Parti », ne peut être soutenu. C’est un appareil centralisé et rigide, incompatible avec les préceptes anarchistes.

Mais, alors, que faire des autres Partis existants ? Ils font vivre une logique hiérarchique dans leurs activités.

Allons-nous les ignorer ? - Il serait risqué d’ignorer ses ennemi.es et de poursuivre la création d’un monde « en dehors » en croyant vivre sur une autre planète. Non, nous ne pouvons pas faire dans le court-termisme et le sectarisme géographique.

Allons-nous essayer de les convaincre frontalement avec nos mots ?

Il serait vain de croire que cela est utile : Depuis plus de cent ans, des personnes plus éclairé.es les un.es des autres n’ont fait que trop discuter avec nos ennemi.es. Mettant à mal le mouvement anarchiste. L’exposant à des scandales, des disputes inutiles et plus encore.

Historiquement, on pense à l’Espagne de 1936, où les anarchistes, alors plus d’un million en espagne, choisissent de débattre et de concilier avec les socialistes et les républicains qui sont globalement minoritaires. Souhaitant faire dans l’« union antifasciste », les anarchistes se feront trahir, désarmer et fusiller sous les ordres de ces Partis. Iels seront taxés alors de « contre-révolutionnaires », encore, bien que mobilisé.es sur tous les fronts contre les fascistes.

On peut penser à la Makhnovchina qui a combattu au côté de l’armée rouge dirigée par les bolchéviques. Les anarchistes pensaient pouvoir s’arranger, après la défaite de l’Ukraine nationaliste, avec les rouges. Iels se feront poignarder dans le dos par ces allié.es aussitôt que la victoire obtenue contre les fascistes.

Ensuite, le Parti Communiste Français et la SFIO française, après-guerre, déjà très critiquables, mènent le reste de « la gauche » dans l’oubli à travers d’innombrables concessions aux républicains. Les Partis « socialistes » alors majoritaires parlementent en face de fascistes. En résulte une défaite immense pour ces soi-disant « révolutionnaires » socialistes.

Plus récemment, on peut penser à toute la « gauche » qui s’acharne à vouloir se fédérer, sans succès. Elle s’engouffre dans le néant tandis qu’elle tente de converger ses luttes dans des assemblées apolitiques et des débats sans fonds. Tout le monde essaie de convaincre tout le monde, sans réellement s’écouter. Iels font de la politique de métier. Il en résulte une défaite complète de la « gauche ».

Allons-nous débattre et échanger sur la scène publique avec les partis opposants ?

Enfin, il serait possible de dénoncer et de porter des mauvaises nouvelles sur les chaines télévisées. Nous pourrions, à l’image de Mr. Poutou à chaque débat présidentiel, dénoncer les méchants exploitants, les fascistes et les droitards.

Faire comme s’il serait possible d’être dans la même assemblée que des fascistes, des libéraux et des populistes – et pour l’espace d’un instant discuter – et subir les déblatérations des un.es et des autres. Alors, la scène publique – dirigée et organisée par nos ennemi.es – nous donnerai gain de cause ?

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_politique 

  2. Politologue français 

  3. Historienne franco-britannique, spécialisée dans l'étude de la civilisation britannique 

  4. Notion introduite par le Français Maurice Duverger dans son ouvrage Les partis politiques en 1951. 

  5. Politiste Français 

  6. Dans Léon Trotsky : Nos tâches politiques (1e éd. : 1904) 

  7. https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/040213/pourquoi-je-quitte-le-npa-pour-la-federation-anarchiste 

  8. https://purpleblack.org/Dual%20Power.md 

  9. https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1938/01/lt19380115.htm 

  10. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anarchisme_en_France 

  11. Georges Fontenis, Changer le monde. Histoire du mouvement communiste libertaire (1945-1997), éd. Le Coquelicot/Alternative libertaire, 2000, page 128. 

  12. Christian Lagant, Noir & Rouge n°9 

  13. https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9d%C3%A9ration_communiste_libertaire_(1953-1957)