Autrice : Crabi - Liaison commune de Lyon - Fédération anarchiste - 12 / 11 / 2024

Chapitres

Parties futures à développer


Définir Intersec

Historique du Terme

Notre intersectionnalité

Les collectifs

Les luttes portées par les autrices

Le classisme

L’isolement et le sectarisme


La FA est Intersectionnelle

Une structure qui sert l’individu sans catégorisation

Les objectifs de la FA


Les anarchistes luttent pour une société libre, sans classe ni État, ayant comme buts premiers : • L’égalité sociale, économique de tous les individus. • La possession collective ou individuelle des moyens de production et de distribution, excluant toute possibilité pour certains de vivre en exploitant le travail des autres. • L’égalité dès la naissance des moyens de développement, c’est-à-dire d’éducation et d’instruction dans tous les domaines de la science, de l’industrie et des arts. • L’organisation sociale sur les bases de la libre fédération des producteur.ices et des consommateur.ices, faite et modifiable selon la volonté de leurs composants. • La libre union des individus selon leurs convenances et leurs affinités. • Le droit absolu pour tout individu d’exprimer ses opinions. • L’abolition du salariat, de toutes les institutions étatiques et formes d’oppression qui permettent et maintiennent l’exploitation des individus, ce qui implique la lutte contre le sexisme et les dominations de genre, contre le patriotisme et le racisme, contre les religions et les mysticismes même s’ils se cachent sous le manteau de la science, et pour l’entente de tous les groupes « humains » et l’abolition des frontières.

C’est la société entière que nous voulons reconstruire sur une base de respect et d’entraide, non pour un individu, une classe ou un parti, mais pour tous les individus ; la question sociale ne pouvant être résolue définitivement et réellement qu’à l’échelle mondiale.

Pourquoi la FA doit fédérer les individus et leurs luttes


La FA fédère les individus et de la même manière leurs luttes. Elle ne porte pas de luttes sans que ses membres ne les portes d’eux et d’elles-mêmes1. L’expression des individus amène la FA à toujours porter, à travers ses outils et ses moyens d’action, de nouvelles luttes.

Ces luttes et ces idées sont, du point de vue de l’individu, propres à son vécu, et non définies par la FA. Dans la Fédération l’activité de l’individu ne se fait qu’en fonction de sa volonté et de ses moyens. Dans le même sens, cela permet l’autocritique de la fédération dans son ensemble et l’évolution de ses motions2. Propre à son vécu car lors d’une discussion libre quelconque, une lutte est exprimée différemment par les individus spécifiques présent.es. La lutte prend forme selon les convictions exprimées et leurs complexités. Par conséquent une lutte est propre aux personnes et à leurs convictions.

Nul doute que si les expressions ne sont pas libres, et que la définition finale est écrite par certains rapports de forces3, alors elles seront biaisées… Par exemple, si l’on se réfère au féminisme, la lutte s’est exprimée de manière complètement différente selon les collectifs. Les assemblées en non-mixité et les assemblées ouvertes à tous.tes donnent des résultats complètement différents.

Si on a l’opportunité de participer aux deux pratiques, il est évident que lorsque les opprimé.es sont libres de s’exprimer, sans rapports de forces prononcés, alors des luttes plus ciblées se définissent de manière plus efficace. Au contraire, dans des espaces qui ne sont pas destinés aux opprimé.es, les luttes qu’iels expriment sont souvent minimisées, ignorées ou rapportées au second plan4.

Seule une organisation permettant l’expression de tous.tes les opprimé.es portera la lutte contre toutes les oppressions. A travers, non pas une structure hiérarchique, autoritaire et bureaucratique mais, une structure anarchiste, autogérée et fluide.

L’expression de toutes les luttes dans la fédération amène les individus à défendre des décisions qui prennent en compte le plus de sections de luttes possibles, prenant en compte des oppressions multiples. Les oppressions se croisent et ont des effets propres à leur accumulation sur les individus. Ainsi, il est possible de couvrir une pluralité de luttes et de développer nos moyens d’actions.

L’oppression que les individus subissent, diffère selon leurs situations et leur individualité. Il est alors pour nous impensable de soutenir des organisations qui ne prennent pas en compte cette réalité. Cette différence est peut-être anodine pour d’autres organisation mais cruciale pour nous. Elle définit notre stratégie politique : nous refusons que la lutte contre toutes les oppressions puisse être portée par une organisation qui en minimise certaines par soucis d’ « efficacité »5.

La FA fédère les collectifs anarchistes, leurs moyens et leurs besoins. Les besoins des collectifs s’expriment de la même manière que ceux des individus. Etant donné que la FA sert l’individu et non une tendance portée par un collectif, alors l’expression d’une idée portée par un collectif se mêle avec celle des individus. En fait, la FA est un outil, elle ne permet pas d’imposer un rapport de force d’un individu sur un collectif, et vice-versa. Enfin, les moyens apportés par les collectifs et les individus se partagent en fonction de ces mêmes collectifs et individus.

La liberté d’expression des individus et leurs collectifs est alors étendue à ses mêmes individus et collectifs.


La Synthèse anarchiste comme engrenage

Coopération des tendances anarchistes à la fédération


L’action de la Fédération anarchiste est basée avant tout sur la défense des exploité.es et sur leurs revendications révolutionnaires ; mais sans que soit perdu de vue le fait que ce sont à la fois les classes et les positions d’esprit qui s’opposent à l’anarchie. Cette action est menée sur tous les plans de l’activité humaine, selon les vues et les moyens de chaque tendance. Pour cette raison, la Fédération anarchiste reconnaît: • La possibilité et la nécessité de l’existence de toutes les tendances libertaires au sein de l’organisation. • L’autonomie de chaque groupe. • La responsabilité personnelle et non collective. • L’organe du mouvement, le Monde Libertaire, ne peut être l’organe d’une seule tendance ; celles-ci ont donc toute possibilité d’éditer des organes particuliers, avec l’assurance que l’organe du mouvement leur accordera toute publicité, ainsi d’ailleurs qu’à toute activité s’exerçant dans le cadre de la culture, de la recherche, de l’action ou de la propagande anarchiste. • Des relations cordiales, compréhensives, avec les mouvements allant dans le sens anarchiste sur un point particulier. • La révocabilité des secrétaires et mandaté.es.

Enfin, lorsqu’une tendance engage une action, dès que cette action n’est pas contraire aux idées de base de l’anarchisme, les autres tendances, si elles ne sont pas d’accord pour participer à cette action, observent à son égard une abstention amicale.

La critique de cette action demeure libre après l’événement. Les groupes ont la faculté de se donner l’orientation de leur choix : anarcho-syndicalisme, communiste-anarchiste, néo-malthusienne, anarcho-pacifiste… Ils ont naturellement la possibilité de cumuler toutes ces tendances ou de ne se déclarer d’aucune. Des régions peuvent être formées et ne peuvent être que sur l’initiative des groupes les composants, le Comité des Relations ne pouvant apporter que des suggestions dans ce domaine.

Croisement de l’intersectionnalité et de la synthèse


Les deux rouages ne peuvent qu’être liés. L’intersectionnalité repose sur l’horizontalité des idées et la synthèse, en quelque sorte, sur l’horizontalité des moyens d’actions. Le féminisme, comme l’écologie radicale, ont créé des organisations horizontales, intersectionnelles, illégales et autonomes comptant des milliers de membres, comme quoi les concepts de l’anarchisme ne sont pas morts. Bien au contraire, ces concepts sont partout. Alors pour contre-carré la venue et l’implantation de mouvements de types maoïstes dans l’ensemble des luttes, nous devons réorganiser nos façons de procéder.

L’organisation synthétiste de la FA fédère :

· Les individus et de la même manière leurs luttes

· Les collectifs anarchistes, leurs moyens et leurs besoins

L’intersectionnalité c'est le croisement :

· D’oppressions impactant les individus différemment selon leurs situations et leur individualité

· Des luttes et des idées du point de vue de l’individu dépendamment de son vécu et ses expériences

La coopération des individus dans une structure synthétiste et intersectionnelle permet alors que

· La liberté d’expression des individus et leurs collectifs soit étendue à ces mêmes individus et collectifs.

· Les moyens d’actions des individus et leurs collectifs soient étendus à ces mêmes individus et collectifs.

· L’individu puisse exprimer ses tendances, ses luttes et ses idées

· Les individus ne soient pas hiérarchisé.es

· Les oppressions subies par ses mêmes individus, et les luttes en découlant, ne soient pas hiérarchisées

Pour nous, une structure ne répondant pas à ces derniers points peut difficilement se qualifier d’anarchiste. Aucune raison ne peut exister pour catégoriser des individus et restreindre leur liberté. Comme aucune raison ne devrait amener une organisation anarchiste à ignorer l’existence d’oppressions subies par ses membres 6. Surtout pour des soucis de pseudo « efficacité ». Le changement de société se fera par la lutte contre toutes les oppressions. Pour qu’aucune de ces oppressions ne puissent vivre dans notre structure, et dans notre futur.

Nous rappelons que le dicton « a chacun.es selon ses besoins, a chacun.es selon ses moyens » n’a de sens que si chaque individu à la liberté d’agir selon ses moyens – ses possibles handicap et capacités fluctuantes – et selon ses besoins – ses luttes personnelles, ses désirs et ses volontés.

Enfin, sans la prise en compte égale de toutes les tendances propres aux individus 7 la synthèse anarchiste ne peut être complète. La synthèse anarchiste est intersectionnelle par définition car elle n’impose pas de plan politique strict mais une coopération des tendances propres aux anarchistes. Evidemment, nous ne pouvons pas définir la société de demain mais nous pouvons, autant que faire se peut, établir notre organisation.

Aujourd’hui nous choisissons alors une Fédération qui sert les individus et tous.tes les opprimé.es.

Pour que demain, les individus puissent se retrouver autour de méthodes diverses et d'une entraide rôdée.

Pour que demain, le résultat de nos révoltes soit le moins flou possible.

Pour que demain, nous évitions les erreurs du passé au possible.

Pour que demain, aucune organisation ne puisse nous manipuler et nous fusiller.

Pour que demain, l’avenir soit à la liberté et non à la dictature.


References

  1. L’inverse serait qu’elle puisse porter et imposer des points de vue aux individus. A l’image d’un Parti politique. La FA fonctionne au consensus et ne permet pas cela. 

  2. Les motions de congrès permettent la visibilité de luttes actuelles diverses. Leurs intentions diffèrent en fonction des discussions qui ont lieu au congrès tous les ans. Elles donnent les lignes politiques actuelles de l’organisation. 

  3. On entend par rapport de force une relation de conflit entre plusieurs parties qui opposent leurs pouvoirs, ou en un sens plus littéral leurs forces, que cette force soit physique, psychique, économique, politique, religieuse, militaire. Ces rapports de force amènent l’étranglement de certaines opinions pour en valoriser d’autres. On retrouve souvent dans les organisations des militant.es plus connu.es que d’autres qui permettent, par leur charisme ou leur ancienneté, de faire taire l’opposition sans réels débats. Autre exemple, des militant.es qui préparent des débats qu’iels savent pouvoir guider pour obtenir un résultat planifié. 

  4. Il est plus que probable d’être qualifié.e de petit.es bourgeois.es lorsque l’expression de son identité dérange le « collectif » et son fonctionnement. Le monde militant regorge de trous duc qui, pour satisfaire leurs petites personnes et pseudo appartenance à la classe prolétaire, lâchent des citations à l’emporte-pièce, l’un.e « n’arrêtera pas de manger de la viande » ou l’autre « ne supporte pas la non-mixité ». 

  5. Beaucoup d’organisations prônent l’efficacité de leur existence lorsqu’elles maximisent une activité donnée. Alors lorsqu’un désaccord majeur apparait, seule une scission peut résoudre le problème. Les deux parties qui en résulteront se revendiquent alors toutes deux efficaces, malgré l’évident disfonctionnement de la méthode et de leur inhabilité à se remettre en question. 

  6. Je pointe alors du doigt l’UCL, la CGA et autres organisations qui réduisent leur existence à la mise en place d’un fonctionnement avant-gardiste, bureaucratique et rigide. En témoigne toutes les récentes scissions, causées par des combats internes sur l’existence ou non d’oppressions et de luttes… 

  7. On parle ici de toutes les luttes comprises dans l'intersectionnalité en dehors du mutuelisme, de l’anarcho-communisme, du collectivisme etc.